Solipsist
Très attendu depuis la diffusion de son trailer, Solipsist réalisé par Andrew Huang ne déçoit pas.
Bien au contraire. Récompensé du Prix Spécial du Jury au Festival Slamdance 2012, cette transe psychédélique saturée de couleurs n'en finit plus de recueillir des louanges.
L'histoire part d'une « contre-hypothèse », selon les dires du réalisateur, celle du solipsisme qui inspire le titre du film. Une théorie qui, d'après la définition, veut que “ pour chaque sujet pensant, il ne peut exister d'autre réalité que lui-même.” L'ego à son paroxysme quoi !
Andrew Huang s'emploie donc à démontrer le contraire. Dans son petit bijou rempli de mysticisme, il se tourne vers l'idée d'union entre les êtres vivants, ainsi capables de s'affranchir de cette seule et unique expérience.
Le film se compose de trois parties illustrant chacune à leur manière sa thèse : deux danseuses en transe vêtues de costumes aux attributs de plus en plus sophistiqués, un ballet subaquatique de marionnettes et enfin, un homme et son double qui se désagrègent en volutes de sable. Trois segments qui s'enchaînent naturellement, faisant de cette expérimentation audio-visuelle un spectacle total.
La forme est partie prenante du film, pour ne pas dire le prétexte. Le réalisateur fait le choix de privilégier les effets réels comme le montre si bien le trop court making of qui l'accompagne :
Tournage sur fond vert, costumes et maquillages très élaborés, création et animation de marionnettes traditionnelles, effets de matières filmés en studio (le sable, l'eau) donnent une consistance bien palpable au film.
Quant à l'importante phase de post-production, elle aura nécessité pas moins de 3 mois de travail à l'aide notamment de Maya. Des effets numériques tels que l'ajout de tentacules sur les costumes, la multiplication des créatures et leur mise en perspective, ou encore l'intégration du sable sur l'homme sont venus compléter une vision des plus intrigantes.
L'excellent accueil dont bénéficie le film prouve qu'Andrew Huang a réussi son pari en parvenant à tisser des liens avec le spectateur, subjugué par ces projections de l'autre, cet “être indispensable à mon existence”, comme le pensait Sartre.
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Impressionnant & Magnifique
Beau...
Oui gros kiffage. Si je m'occupais encore de mon blog, j'en parlerais... Mais c'est vraiment tripant.
Petit chef d'oeuvre !
L'ego à son paroxysme... je me dois de détailler un poils pour ceux qui seraient intéressés..
L'ego, ici, ne doit pas être compris dans le sens de l'égoïsme, ou de l'ego-centrisme.
Andrew Huang tente ici de parler du doute hyperbolique de René Descartes, qui désigne une intuition profonde de l’homme grâce à sa conscience de lui-même.
Descartes met en œuvre le doute méthodique, consistant à éliminer tout ce qui n’est pas absolument certain. Il comprends alors que les sens et le raisonnement sont trompeur, et que « moi » (ego), qui suis en train de douter, je suis quelque chose qui pense, autrement dit j’existe. La seule certitude restante est alors sa propre existence (ego).
Par extension on doit comprendre que le reste du monde (autrui) est peut-être fictif, que les choses et les gens que je vois sont peut-être irréels.
Très jolie représentation de ce concept philosophique, j'aime beaucoup la petite note tribal/mystique